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Maman, laisse-moi grandir (relation mère-fille)

Je ne suis plus ton bébé.
J’ai sans doute grandi bien plus vite que tu ne l’avais imaginé.
Et tu me vois encore souvent comme ton enfant à couver.
Le temps a passé depuis celui où j’avais sans cesse besoin de ta présence, de ton contact.

 

Par Aouatif ROBERT | psytherapieparis.fr

La petite souris et le père Noël me paraissent loin à présent, et sans doute les années te semblent filer trop vite et te désespèrent.
Hier je voulais que tu m’enveloppes de tes bras.
Aujourd’hui je me couche plus tard que toi et je choisis de partager mes émotions avec mes amis.
Tu ne vois pas que je me rapproche chaque jour de plus en plus du monde des adultes.
Et tu ne comprends pas toujours que je veuille m’isoler dans ma chambre et avoir mes secrets.
Tu n’acceptes pas que je ne veuille plus de cette symbiose qui nous comblait toi comme moi.

Maman, laisse-moi vivre ma vie
Je n’attends pas que tu me donnes ma liberté, je la prends.
Et je te remets à ta place pour avoir la mienne.
Maman, si je ne suis pas d’accord avec toi, si je n’accepte plus tes réprimandes ou tes conseils, ce n’est pas pour t’agresser.
J’assume nos ressemblances, je revendique nos différences.
Je ne suis pas toi.
Je veux me sentir libre d’être dans l’opposition, une personne à part entière, impulsive, boudeuse, silencieuse.
Maman, je t’aime, mais parfois je te hais.
Je décide de ne plus être cette petite fille parfaite ou sage ou polie, cette enfant qui fait plaisir et ne désobéit pas.

Maman, laisse-moi respirer
Tu voudrais continuer à me traiter comme l’enfant que j’étais.
Je voudrais que tu apprennes à voir l’adulte que je deviens.
Laisse-moi suivre mon propre chemin, être cette femme autonome et épanouie que je suis en germe.
J’accouche de moi-même, en me différenciant de toi.
Il te faut accepter que je sois une personne distincte de toi, avec ma propre identité, ma vision du monde.
Je refuse de me sentir coupable de ne pas répondre, peut-être, à tes attentes.
Je n’ai pas à donner un sens à ta vie.
Je me libère de toi.

Maman, détache-toi, détache-moi
Je ne suis plus ce petit être fragile qui dépendait totalement de toi, n’avait d’yeux que pour toi.
Tu n’es plus mon doudou favori…
Je suis une chrysalide, je sors de mon cocon pour me transformer en papillon.
Année après année, la liste des choses que tu faisais pour moi s’est réduite.
Cesse de te sentir coupable de n'en avoir pas assez fait pour moi.
Tu m’as donné ton temps, ton énergie, ta jeunesse, tes nuits, ta quiétude aussi.
Si j’ai grandi, c’est grâce à toi, parce que tu m’as nourrie, soignée, écoutée, apaisée, réchauffée, consolée, portée, aidée à faire mes propres choix, donnée confiance en moi et en la vie.
Maman, lâche-moi.

Maman, coupe le cordon
Je veux me détacher de toi, pour pouvoir devenir qui je suis.
Si cette séparation est douloureuse, elle est nécessaire, pour que notre relation ne soit pas toxique.
Tu ne peux pas me protéger de tout.
N’aie pas peur pour moi et je n’aurai pas peur non plus, ni d’aller de l’avant, ni de faire mes propres choix, ni de me réjouir de mes réussites ou d’assumer mes erreurs.
Ne sois pas envieuse de ce que je vis en dehors de toi, ne sois pas jalouse du bonheur que d’autres m’apportent.
Pour grandir, je dois me détacher de toi.
J’aimerais que tu apprennes à me connaître à nouveau, à découvrir la nouvelle personne que je suis.
Maman, il faut couper le cordon, pour mon équilibre et le tien.

Maman, vis ta vie
Mon besoin d’indépendance, comme ta résistance, sont le reflet de ta dépendance.
Je te rends ta liberté, ton existence.
Je me mets aux commandes de ma vie.
Ce que tu peux ressentir comme du rejet ou de l’abandon, ou comme un « coup de vieux », est le signal que tu dois reprendre les rênes de ta propre vie, de ta vie de femme.
Tu n’es pas qu’une mère.
Tu n’as pas, ou plus, à te sacrifier ou à t’oublier.
Tu n’es plus mon otage.
Je crois qu’il nous faut nous éloigner pour mieux nous aimer, pour que nous existions en dehors de l’une et l’autre.
Tu n’es plus ma captive.
Toi comme moi avons à déployer nos propres ailes.

Tu resteras toujours ma maman, même je ne suis plus une enfant
La force de notre lien m’a permis de me construire, de me sentir aujourd’hui prête à affronter la vie.
Je garde en moi les valeurs que tu m’as inculquées, l’amour que tu m’as donné.
Tu as fait de moi la femme que je deviens de jour en jour.
Ce n’est pas parce que je mets de la distance avec toi que tu ne m’intéresses plus.
Je choisis de me concentrer sur moi.
Mon désir d’indépendance ne sonne pas le glas de notre relation.
Même si tu ne m’es plus aussi indispensable qu’avant, je continue d’avoir besoin de toi.
Grandir c’est prendre son envol, et c’est excitant et effrayant à la fois.
Notre fusion originelle laissera place à de la complicité.
Laisse-moi vivre ma vie, et sois là pour moi.
Je reviendrai vers toi, autrement, sans pression ni culpabilité, en tant que femme.
Et moi aussi, peut-être, je deviendrai à mon tour une maman.

 

Par Aouatif ROBERT | psytherapieparis.fr

 

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